Macenta, la préfecture qui attend toujours la réhabilitation de ses usines
En prélude à l’élection présidentielle de 2015, le président Alpha Condé a entrepris des tournées dans tout le pays. Parmi les promesses du candidat à la réélection qui ont particulièrement retenu l’attention des populations en Guinée forestière figure la réhabilitation des unités industrielles de thé et de quinine de Macenta, mortes avec le premier régime. À moins d’un an de la fin de son second mandat, Lahidi s’est intéressée au niveau de réalisation de ces deux promesses.
Située dans la région forestière, au sud-est de la Guinée, Macenta est à environ 800 Km de la capitale Conakry. Pour y arrivée à partir de Gueckédou, le voyageur est obligé d’affronter la fameuse route de « l’enfer » Guéckédou-Kondebadou. Un tronçon de trente cinq kilomètres presque complètement boueuse dans lequel pataugent les engins lourds surchargés pendant l’hivernage, des nids de poule jonchent partout le long du parcours.
Macenta est une préfecture qui fut jadis l’un des poumons économiques de la Guinée à cause notamment de sa réserve biosphère de près de 120.000 hectares, la forêt de Ziama, située à cheval entre la Guinée et le Libéria. Mais ce sont surtout les unités industrielles de production de thé et de quinine construites sous la première République qui ont fait les beaux jours de cette préfecture.
En 1985, ces usines sont cédées à des particuliers suite aux réformes économiques entreprises par les militaires nouvellement arrivés au pouvoir. Les problèmes commencent. Confrontées à plusieurs difficultés dont entres autres, le manque d’électricité pour alimenter les unités de production, l’accumulation de plusieurs mois d’arriérés de salaires des travailleurs, ces usines ne survivront pas longtemps dans les mains des repreneurs.
La belle époque :
L'usine de thé de Macenta fut construite dans les années 1960 grâce à la coopération chinoise. On y produisait du thé noir et vert qui était très prisé à l’époque par les amateurs du thé dans la sous-région et exporter même hors de l’Afrique. La production de cette usine était estimée à environ 2 tonnes par jour avec plus de 250 employés qui travaillaient à plein temps. À quelques kilomètres de l’usine de thé de Macenta se trouvait une plantation de thé de plus de 150 hectares qui approvisionnait l’usine en matière première. Malheureusement, ce champs fut ravagé par un feu de brousse en 2015.
L'usine à quinina (SYLIPAN), est située dans la sous préfecture de Sérédou à environ trente-huit kilomètres du chef lieu de la préfecture. En 1936, les colonisateurs y ont d’abord installé un poste d’expérimentation de la production de quinine avant de construire l’usine. C’est à la suite de cette phase d’expérimentation au cours de laquelle les conditions climatiques et du sol se sont montrées favorables que la station de quinine fut construite entre 1952 et 1954 grâce à la coopération belge. Elle est l’une des premières unités industrielle de production de quinine construite en Afrique après celle du Congo belge (actuelle République démocratique du Congo).
La descente aux enfers :
En 1984, suite à l’arrivée des militaires au pouvoir et aux réformes économiques engagées, les usines de thé et de quinine de Macenta à l’image des autres unités industrielles du pays héritées du premier régime, furent privatisées au profit de deux opérateurs économiques. Mais, cette privatisation n’a été que de courte durée. Quelques années plus tard, les activités de l’usine à quinine de Macenta ont commencé à se ralentir avant de s’arrêter définitivement en 1989 suite à l’arrêt du micro barrage qui assurait une autonomie d'alimentation en électricité à l’usine et à l’augmentation du nombre de salaires impayés des travailleurs. Confrontée presque aux même problèmes, les moteurs de l’usine de thé de Macenta se sont aussi arrêtés quelques temps après.
Le constat de Lahidi :
En octobre 2018, lors d’une tournée dans la région forestière, notre équipe s’est rendue sur les deux sites pour évaluer le niveau de mise en oeuvre de la promesse du président Alpha Condé. Nous avons constaté que depuis 2015, aucune action concrète n'a été posée par le gouvernement pour reconstruire les usines de thé et de quinine de Macenta. Ces deux unités industrielles sont dans un état d’abandon et de délabrement total.
On pouvait aussi observer sur ces sites des machines silencieuses, des blocs de bâtiments aux murs lézardés et envahis par la végétation. Si les installations de l’usine de thé sont restées relativement protégées jusqu’à nos jours, par contre les voleurs et ferrailleurs se sont partagés toutes les ferrailles de la station à quinine de Macenta. Pire, un citoyen exploite même illégalement une partie de la surface de ce qui était autrefois l'usine.
Depuis cette visite de Lahidi, rien n’a changé sur le terrain.
Une population qui tient toujours à ses usines :
En juillet 2018, les jeunes de Macenta se sont soulevés pour protester contre les « promesses NON tenues » du chef de l’État dans cette préfecture. La marche qu’ils ont organisée avait pour objectif de rappeler au président de la République les promesses qu’il a faites aux populations de Macenta lors de la campagne électorale, notamment le bitumage de la voirie urbaine, la reconstruction du stade préfectorale, la relance des activités de l’usine de quinine et de thé. Sur les pancartes tenues par les manifestants lors de cette marche, on pouvait lire des slogans comme : « Rappelle-toi de tes promesses de campagne pour Macenta, après 8 ans ».
En 2011, le gouvernement guinéen a entrepris des initiatives pour récupérer toutes les unités industrielles héritées de la première République. Sur les dix neuf usines revenues dans le portefeuille de l'État , sept ont été inscrites dans une politique de privatisation en 2014. À ce jour, seules l’usine de jus de fruit de Kankan et l’huilerie de Dabola ont trouvé des repreneurs. Les autres sont encore sur la liste d’attente.
En attendant de trouver de nouveaux investisseurs privés, les habitants de Macenta continuent de caresser le rêve de voir ces deux usines reprendre les activités.
À la suite de ce constat, LAHIDI a attribué le verdict « NON TENU » aux promesses du président Alpha Condé qui concernent la réhabilitation des usines de thé et de quinine de Macenta.
Promesses
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