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<< Si la moitié des promesses faites par Alpha Condé en 2015 avait été réalisée, la Guinée serait aujourd'hui une référence…>>

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Le développement des activités du secteur primaire comme l’agriculture, l’élevage et la pêche, reste indispensable pour la croissance économique d’un pays. Dans le monde d’aujourd’hui, ces trois domaines du développement rural constituent une priorité pour de nombreux Etats africains. Indéniablement, ils sont porteurs d’emplois et favorisent certainement une diversification de l’économie. 

La Guinée, à l’image de beaucoup d’autres pays de la sous-région, détient de grands atouts pour faire de ces secteurs de véritables clés pour atteindre la sécurité alimentaire. Malheureusement, le secteur agricole guinéen n’arrive toujours pas à contribuer véritablement à l’accroissement des revenus des populations. 

Les gouvernants promettent chaque année aux paysans des accompagnements pour l’amélioration de leur production, la transformation sur place et la commercialisation de leurs produits. Sur le terrain, ces engagements ne sont pas respectés. D’ailleurs, ces paysans sont confrontés, entre autres, à un manque d’intrants, de problèmes de conservation, de déboucher pour la commercialisation et de problème d’accès aux zones de production.

Lors du deuxième mandat du Pr Alpha Condé, 2015-2020, le Gouvernement guinéen avait donné de l’espoir à la population rurale. Plusieurs projets ont été annoncés avec toutes les assurances possibles dans les quatre coins du pays. 

Mais, la majorité de ces promesses n’ont jamais été mises en œuvre par le Chef de l’Etat et son équipe. 

La parole s’envole, mais l’écrit reste…

Dans le domaine de l’agriculture, l’Etat guinéen s’était engagé à « Créer et développer des pôles agricoles identifiés comme préalables à la redynamisation des chaines de valeurs agro-industrielles à l’image de la SOGUIPAH, Mettre en œuvre des pôles de développement tenant compte des potentialités et des filières de production afin de soutenir la création des valeurs ajoutées pour soutenir les efforts d’industrialisation à travers l’Agrobusiness, Réaliser des projets d’aménagement en maitrise totale de l’eau de 5000 ha sur 5 ans, Créer des centres d’appui à la mécanisation agricole et de formation pour les jeunes, Fixer pour objectif complémentaire un accroissement annuel de la productivité agricole 6%, Promouvoir les cultures fruitières et des cultures maraichères, Réserver chaque année 10% du budget de l’Etat au secteur agricole, Promouvoir les culture de rente et/ou d’exportation (acajou, café, cacao, coton…), Recenser les objectifs de notre politique agricole en fixant, au moins dans un premier temps, un nombre limité d’objectifs, Travailler sur la législation foncière, particulièrement le foncier rural pour faciliter l’accès à la propriété foncière rurale, Mobiliser les capitaux privés pour valoriser le patrimoine agricole guinéen, en particulier avec des sociétés issues des pays dits des « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), soutenir la relance du secteur ou des filières agricoles dans les zones les plus touchées par l’épidémie EBOLA et/ou affectées par ses conséquences, et enfin Réduire les risques d’investissement dans le secteur agricole et promouvoir les projets d’agro business ».

Ensuite, dans les secteurs de l’élevage et de la pêche, le Gouvernement avait promis de « Mettre en place des mécanismes financiers sécurisés permettant aux pêcheurs artisanaux de renouveler leurs outils de production, Mettre en place un mécanisme d’appui aux opérateurs de la filière traitement et exportation des produits halieutiques, Prioriser la poursuite de l’application de l’initiative présidentielle en matière de pisciculture à travers la création et l’aménagement des étangs piscicoles dans les quatre régions naturelles, Construire des abattoirs modernes dans toutes les capitales régionales, Construire des aires d’abattage et des marchés de bétail en milieu rural, Mettre en place une chaine d’approvisionnement d’aliments de volailles, Construire et équiper des unités de traitement et de contrôle de qualité du miel et de la cire, Lutter contre les maladies majeures du cheptel par l’acquisition de vaccins, de chaines de froid pour la conservation des vaccins, du matériel vétérinaire, des équipements et des réactifs de laboratoires de vétérinaires, Former des cadres des services de l’élevage et Redynamiser des organisations professionnelles d’éleveurs et former des producteurs et opérateurs du secteur ».

Si une partie de ces promesses avaient été tenues, la Guinée serait aujourd’hui une référence en Afrique dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. 

Les résultats du rapport global de lahidi publié au mois d'octobre 2020 ont démontré que parmi tous ces engagements dans le domaine agricole, c’est uniquement la promesse de ''soutenir la relance du secteur ou des filières agricoles dans les zones les plus touchées par l’épidémie EBOLA et/ou affectées par ses conséquences'' qui a été réalisé.  Aussi 43% des promesses dans ce secteur ont le verdict ''Non tenu''.

Par rapport à l’élevage et la pêche, aucun engagement n’a véritablement atteint le bout du tunnel. Toutes les autres initiatives sont soit abandonnées soit stagnent toujours à l’état initial. C’est comme la promesse de construction de l’abattoir moderne de Kagbelen, entamée depuis 2014, et qui n’a jusqu’à présent pas été finalisée.

Les promesses non tenues, la source intarissable du manque de confiance des paysans envers l’Etat…

Récemment, le Gouvernement guinéen a, dans le Programme de gouvernance 2020-2026 et la Déclaration de Politique Générale du Premier ministre, pris de nouveaux engagements dans le but de développer le secteur agricole. Sans oublier qu’il existe déjà une longue liste de promesses antérieures non tenues ou partiellement tenues. Cela n’a pas empêché Alpha Condé et Ibrahima Kassory Fofana de se lancer de nouveaux objectifs tout en bottant en touche la plus grande partie des défis précédents.

Après n’avoir pas pu réellement mettre en œuvre des pôles de développement tenant compte des potentialités et des filières de production afin de soutenir la création des valeurs ajoutées pour soutenir les efforts d’industrialisation à travers l’Agrobusiness, entre 2015 et 2020, le Gouvernement promet une fois encore de construire une agropole par région naturelle. En ce qui concerne le projet de promotion des cultures de rente ou d’exportation (acajou, café, cacao, coton…), inclus dans le Programme de Gouvernance 2015-2020, qui a connu quelques avancées positives malgré qu’il reste beaucoup à faire, le Gouvernement porte une nouvelle vision de promouvoir davantage l’agriculture de rente et  la transformation locale des produits agricoles par l’intensification des initiatives présidentielles axées sur des filières porteuses : anacarde, palmier à huile, cacao, ananas, café robusta, café arabica et hévéa.

Parlant des anciennes promesses liées au secteur de l’élevage, il est regrettable de noter qu’aucune réalisation n’est visible sur le terrain, durant les 5 dernières années. Nous savons tous qu’aucun abattoir en Guinée ne répond aux normes hygiéniques et sanitaires, surtout dans les milieux urbains. Alors, l’annonce en fanfare de construction des abattoirs modernes dans toutes les capitales régionales, des aires d’abattage et des marchés de bétail en milieu rural, qui avait suscité un grand espoir chez les populations en général et les éleveurs en particulier, n’aura été que des simples mots en l’air. Ainsi, dans les nouveaux engagements pour les 6 prochaines années, 2020-2026, du « gouverner autrement », le constat est que les promesses non tenues dans ce secteur ont été mises dans les oubliettes au profit de nouvelles qui risquent le même sort, si on n’y prend pas garde. 

Les traces des aides financières au secteur de la pêche, visiblement invisibles…

Dans le secteur de la pêche, la réalité est aussi particulière, les promesses n’en finissent point. Depuis 2015, le Gouvernement guinéen n’a pas pu poser de véritables actes allant dans le sens du développement concret de ce secteur créateur d’emplois à grande échelle pour les jeunes et les femmes. La majorité des projets ambitieux initiés par le Pr Alpha Condé pour accompagner les pêcheurs financièrement et leur permettre de renouveler leurs outils de production, n’a presque pas bougé. 

Le Président de la République avait « offert » en 2019 des embarcations à fibre de verre à quelques groupements de pêche de Boffa et de Boké. Cependant, il y a eu un malentendu pendant la distribution de ces barques après la remise officielle. Pensant qu’ils allaient recevoir les outils gratuitement, les pêcheurs étaient désarçonnés de savoir que l’obtention des barques se faisait par crédit. Une déclaration contraire au discours du Chef de l’Etat.

De surcroît, dans le Programme de Gouvernance 2020-2026, le nouvel engagement de ‘’développer la pisciculture pour rendre la Moyenne Guinée, la Haute Guinée et la Guinée Forestière autonomes et ne plus avoir besoin de faire venir le poisson de Conakry’’ est quasiment similaire à celui à travers lequel l’Etat s’était engagé en 2015 à ‘’prioriser la poursuite de l’application de l’initiative présidentielle en matière de pisciculture à travers la création et l’aménagement des étangs piscicoles dans les quatre régions naturelles’’. 

Selon le dernier bilan, c’est un projet qui, par l’appui du PNUD ( Programme des Nations Unies pour le Développement) et de l’ambassade du Japon, a connu quelques avancées. 

Enfin, il faut souligner que dans tous les trois secteurs, à savoir l’élevage, l’agriculture et la pêche, les réalisations sont très minimes par rapport aux promesses. Il était préférable et rassurant, qu’au lieu de prendre de nouveaux engagements pour l’horizon 2026, que le Gouvernement mette le boucher double pour concrétiser les initiatives antérieures, c’est-à-dire les promesses incluses dans le Programme de Gouvernance 2015-2020 et de l’ancienne Déclaration de Politique Générale du Premier Ministre Ibrahima Kassory Fofana. 


Cet article a été produit avec notre collaborateur externe Mamadou Alpha Baldé, journaliste agricole.

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